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Bilan économique 2011 : une année d’incertitudes

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Au Québec, même si tous les indicateurs financiers ne sont pas encore finalisés, les trois premiers trimestres de l’année 2011 indiquent que la province a réussi à se tirer d’affaire. Malgré tout, le bilan est néanmoins mitigé.

Selon le ministère du Développement économique, Innovation et Exportation (MDEIE), les chiffres en matière d’emploi reflètent bien le dynamisme de l’économie québécoise. Le MDEIE révèle qu’après les neuf premiers mois de 2011, il s’était créé dans la province 57 100 emplois de plus qu’en 2010.

Une donnée qu’il faut relativiser selon Joëlle Noreau, économiste principale au Mouvement des caisses Desjardins. « Oui, il y a eu des gains d’emploi, mais dans les domaines des services, de la santé, de la construction. Il y a toutefois eu une baisse du côté manufacturier. En 2011, on parle d’une perte de 7 000 emplois.

C’est quand même beaucoup moins qu’en 2007 où c’était 40 000 et 31 000 en 2011. » Pour Norma Kozhaya, directrice de la recherche et économiste en chef au Conseil du patronat du Québec, l’emploi va continuer de bien aller et encore plus en raison, entre autres, du défi démographique à nos portes. « On limite les mises à pied parce qu’on sait qu’éventuellement on va avoir besoin de ces gens. »

Ce qu’on retient de 2011 : emploi en croissance, exportations stables, investissements privés en hausse, un bilan mitigé et une économie sans croissance phénoménale.

Le MDEIE confirme que la relance du secteur manufacturier au Québec a été freinée en 2011 par l’essoufflement de l’économie américaine et aussi par la hausse du dollar canadien. « C’est un mouvement nord-américain. Nos marchés sont étroitement liés avec ceux des États-Unis. Si les manufacturiers ont des besoins moindres, il y a moins de demandes chez nous », soutient Mme Noreau.

Elle ajoute que le spectre d’un protectionnisme américain encore plus agressif n’a rien pour encourager certaines industries, notamment celle du bois fortement éprouvée ces dernières années. Les problèmes du secteur manufacturier ne datent pas de cette année, la preuve en est, en 10 ans, sa valeur relative dans le calcul du produit intérieur brut (PIB) est passée de 24 % en 2011 à 16 % aujourd’hui.

Des secteurs qui se portent mieux

Tout n’est cependant pas noir, la diversification des marchés semble porter ses fruits; on note une croissance des exportations de 4,9 % pour l’Europe et l’Asie. Aussi, certaines entreprises commencent à revenir au pays, déçues des conditions de production dans les pays en voie de développement. Il y a aussi des secteurs qui se portent très bien comme l’agroalimentaire. « En 2010, il a continué à croître de 3,6 % », mentionne Mme Noreau. Si la demande en transport transfrontalier est moins forte, il n’en est pas du tout de même pour la fabrication de matériel de transport.

Bilan économique 2011… Quelques Chiffres

1,5 % de progression de l’activité économique au Québec après les deux premiers trimestres de 2011. 0,7 % de hausse du volume des exportations internationales de marchandises après les sept premiers mois de 2011 par rapport à la même période en 2010. 4,9 % en valeur de la progression des exportations du Québec pour l’ensemble des pays. 64 200 emplois créés au Québec depuis la relance. 17,4 % d’augmentation en investissements de machineries et de matériel après les deux premiers trimestres de 2011. Hausse de 4,3 % en valeur et augmentation de 0,6 % en volume de ventes des fabricants après les sept premiers mois de 2011.1

Du côté des autobus, après une année record en 2010, le carnet de commandes a été de moindre importance en 2011. Toutefois, les perspectives sont bonnes pour 2012 avec le développement éventuel de l’autobus électrique et hybride.

La force du dollar canadien a pour sa part eu un impact positif sur les dépenses de machines et d’équipements les chiffrent parlent d’une hausse de 28,9 % comparativement à 14,5 % pour le Canada.

Que nous réserve 2012 ?

Norma Kozhaya, directrice de la recherche et économiste en chef au Conseil du patronat du Québec, croit que le contexte économique nous incite à demeurer prudents. « 2011 avait bien commencé, mais la reprise qui n’était pas au rendez-vous aux États-Unis et la situation de la Grèce nous ont touchés.

Ce fut une année d’incertitudes et il est tout aussi difficile de prévoir ce qui va se passer pour 2012. » Ce n’est sans doute pas pour rien que même si on ne craint pas de récession, le ministre des Finances du Québec, Raymond Bachand, ait revu à la baisse, en octobre dernier, l’augmentation du produit intérieur brut à 1,6 % en 2011, contrairement à 2,0 % et 2,2 % comme il était prévu initialement en mars.

« Les cartes nous indiquent un scénario de croissance lente. Nous ne sommes pas dans une situation très confortable avec tout ce que l’on entend. Les entreprises pour s’en sortir doivent resserrer leurs coûts, développer des produits distinctifs ou s’associer à plusieurs pour unir leurs forces. Mais, une chose est certaine, les entrepreneurs ne baissent pas les bras », conclut Mme Noreau.

Liens supplémentaires:

Enquête mensuelle sur les industries manufacturières (Statistique Canada) http://www.statcan.gc.ca/start-debut-fra.html

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