Le discours est le même depuis des années. Pour réussir, les entreprises manufacturières doivent impérativement investir dans les équipements de haute technologie, en recherche et développement et dans les technologies de l’information (TIC). Ces investissement sont nécessaires pour se démarquer de la concurrence et réussir à développer de nouveaux marchés à l’étranger.
Dans son 8e Baromètre industriel québécois, une enquête menée auprès de 500 entreprises de 10 à 500 employés, STIQ note que les entreprises qui investissent ainsi massivement dans ces trois orientations « sont plus nombreuses à connaître une importante croissance de leur chiffre d’affaires, à vendre à l’extérieur du Québec et à embaucher. »
Et quelles sont les actions innovantes ? Elles sont variées et nombreuses. Il peut s’agir de la fabrication de produits nouveaux ou améliorés, du développement de procédés ou de nouvelles techniques de commercialisation et de l’implantation de nouvelles méthodes d’organisation. Toujours est-il que l’étude en arrive à une conclusion fort intéressante : près de neuf entreprises sur dix qui sont passées à l’action au cours des trois dernières années ont atteint plusieurs objectifs : renouvellement de la clientèle, hausse du chiffre d’affaires et du nombre d’employés et potentiel beaucoup plus élevé de vendre à l’extérieur des frontières québécoises et canadiennes.
Depuis les cinq dernières années, les entreprises n’investissent pas comme elles le devraient. Le sondage du Baromètre le démontre. Tout est recul ou en stagnation dans les achats d’équipements ou en recherche et développement. Seulement une entreprise sur trois a investi 5 % de ses revenus en achat d’équipement l’an dernier. Bien que ce soit une très légère hausse par rapport à 2015, le résultat est similaire aux années antérieures. Au chapitre de la recherche et du développement et des nouveaux procédés, les nouvelles sont peu encourageantes. Les investissements sont à leur plus bas niveau depuis deux ans. Les répondants ont répondu dans une proportion de 16 % avoir investi 5 % de leur chiffre d’affaires, ce qui est inférieur aux années 2012, 2013 et 2014.
« Le Québec n’est pas en avance en terme de productivité en se comparant avec les pays du G7. Nous ne sommes pas dans le peloton de tête. Depuis cinq ans, c’est une baisse de 5 % à 10 % et si nous voulons accroître notre productivité, cela passe par des investissements » a déclaré Richard Blanchette, président-directeur général de STIQ lors du dévoilement de l’étude.
Pourquoi les entreprises tardent-elles tant à investir ? Manque de vision à long terme ? Manque de sensibilisation à l’importance d’adopter le virage numérique ? L’étude indique que l’insuffisance de moyens financiers et la difficulté d’accès au financement sont des freins importants. Et l’enjeu est encore plus difficile à surmonter lorsque vient le temps d’investir en recherche et développement.
« Les récents changements et l’application plus stricte des règles fiscales concernant les crédits d’impôt en R et D ont eu un impact négatif sur ces investissements depuis 2015, surtout chez les petites entreprises», révèle le Baromètre 2016.
Toutefois, il n’y a pas que de mauvaises nouvelles. Il y en a une bonne, selon Pierre Marc Johnson, avocat-conseil et ancien premier ministre du Québec. Il s’agit du taux de change qui favorise les entreprises québécoises.
« Cela peut attirer un certain nombre d’entreprises, à la fois européennes et américaines, à vouloir fabriquer ici. Pourquoi américaines ? Une entreprise américaine manufacturière qui investirait ici serait dans une position où elle serait en mesure d’avoir accès à un marché européen de 500 millions de personnes sans tarifs et au marché nord-américain sans tarif. Nous sommes à la croisée d’un potentiel de développement de tous les secteurs manufacturiers. »
De son côté, Saul Polo, adjoint parlementaire de la ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation, rapporte que les entreprises qui ont investi davantage en R et D ont vu croître leur chiffre d’affaires, leur nombre d’employés, leurs ventes internationales, tout en procédant à beaucoup d’innovation. « Ça devient des stratégies assez importantes pour l’entreprise. »
Depuis longtemps, la main-d’œuvre qualifiée est difficile à trouver. C’est un problème récurrent. Bon nombre d’entreprises manufacturières sont sérieusement menacées et mettent à mal la croissance de leurs revenus. L’étude rapporte que des dirigeants d’entreprises ont été consultés à ce sujet pour trouver des pistes de solutions. Le mot d’ordre : faire preuve d’imagination, être souple pour répondre aux attentes de la nouvelle génération et même offrir un type de partenariat à ses employés. Voici les grandes conclusions de cette étude :
Par Bernard Gauthier