8
Jul

Baromètre industriel du STIQ – De grands défis pour le secteur manufacturier

Partager :
Auteur:  

Depuis 1978, Netur se spécialise dans le développement et l’usinage de pièces aéronautiques complexes de haute précision. Cela signifie une main-d’œuvre spécialisée et des investissements en recherche et développement. Depuis 2012, cette PME de 54 employés a investi 8,5 M$ en équipements, bâtiment et méthodes de fabrication.

« Nous travaillons depuis très longtemps avec le fabricant de moteurs Pratt & Whitney. Et notre objectif était de geler les prix pour les cinq prochaines années. La mise sur pied du moteur de la C Series était un facteur important pour maintenir et développer nos activités. Or à la signature du contrat, nous avons dû baisser nos prix de 0,5 % annuellement au cours des cinq années à venir. Comment avons-nous réussi sans compromettre les conditions de travail de nos employés ? Grâce à l’amélioration continue dans les systèmes de vérification, nos composantes sont fabriquées à moindre coût et avec un rendement supérieur chaque année. Je dis aux entrepreneurs de ne pas avoir peur d’investir, intelligemment, et de croire au marché et à son entreprise », raconte Stéphane Turcotte, vice-président, Netur.

Investir

Chez Sous-traitance industrielle du Québec (STIQ), il est clair que les entreprises investissant plus que la moyenne ont une meilleure performance en termes de chiffre d’affaires, de partenariats avec d’autres PME et de possibilités de vendre à l’étranger.

« Nous sommes conscients que ce n’est pas demain matin que les entrepreneurs vont investir massivement. Lorsque les gens ont confiance en l’avenir, qu’ils ont une visibilité à moyen terme sur les commandes de leurs clients, les conditions sont plus propices pour investir », indique Richard Blanchet, président-directeur général, STIQ.

En 2015, les investissements québécois en recherche et développement ont atteint les 6,4 G$. En résumé, 15 % des entreprises ont investi 5 % de leur chiffre d’affaires en R-D de produits ou de procédés et 26 % des PME ont investi 5 % en achat d’équipements. C’est une baisse de 4 % dans les deux cas par rapport à 2014.

« Nous devons répéter encore et encore le même message : investir dans les équipements, c’est payant ; les résultats le démontrent. À mon avis, beaucoup d’entreprises vont changer de main au cours des prochaines années. La nouvelle génération pourrait être portée à investir davantage », conclut Richard Blanchet.

« En 2015, la valeur des exportations internationales québécoises atteignait 82 G$ »

Inquiétude chez Investissement Québec

La publication du Baromètre industriel 2015 ne rassure pas du tout Investissement Québec. Une étude américaine révèle que le Canada est au 25e rang des 56 pays développés au monde dans le secteur de l’innovation après la Finlande, la Suède, le Royaume-Uni, les États-Unis et la France.

« Si rien n’est fait pour corriger le tir, nous manquerons l’occasion d’une richesse nouvelle. Nous traversons la quatrième révolution industrielle. Cette fois-ci, elle est numérique. Il ne faut pas la manquer. Nous avons perdu beaucoup de terrain par rapport à d’autres sociétés dans le monde. Toutefois par rapport au reste du Canada, je dirais que non. Ici, il y a beaucoup de créativité. Et puisque le secteur énergétique a perdu du terrain dans l’Ouest, notre temps est arrivé », soutient Pierre Gabriel Côté, président-directeur général, Investissement Québec.

Le rapport du Baromètre industriel 2015 relève trois facteurs pouvant expliquer le recul des investissements :

  • la faiblesse du dollar canadien en 2015. Les achats d’équipements sont souvent réalisés en dollars américains ou en euros, ce qui incite les entrepreneurs à reporter leurs projets ;
  • en 2014, Québec a modifié ses mesures fiscales à l’endroit des crédits d’impôt à la R-D. Pour sa part au même moment, le fédéral resserrait la vis concernant les crédits d’impôt en R-D;
  • plusieurs PME ne disposent pas de qualifications à l’interne pour entreprendre de la R-D. Des consultants externes sont alors approchés, ce qui engendre des coûts supplémentaires.

« Nous voulons que les entrepreneurs mettent de l’avant leurs projets d’innovation maintenant. Ils doivent réunir les conditions gagnantes et faire appel à nos capitaux pour servir de levier. Notre objectif est principalement de stimuler l’investissement privé de façon plus significative. Nous perdons du terrain dans le secteur manufacturier et il faut arrêter l’érosion », ajoute Pierre Gabriel Côté.

Perspectives mitigées

Comment s’annoncent les prochaines années ? À moyen terme, le Baromètre industriel 2015 souligne que les perspectives de croissance sont mitigées. Bien qu’à l’échelle mondiale les prévisions soient bonnes, il en va autrement pour le Québec : la croissance prévue en 2016 sera à peine supérieure à celle de 2015 (respectivement de 1,3 % et 1,7 %) ; 2017 s’annonce toutefois un peu mieux (2,5 % et 2,4 %).

« Ces nouvelles, sans être mauvaises, ne permettent pas d’espérer une reprise significative du secteur manufacturier à court et à moyen terme. Certes, la faiblesse du dollar canadien favorise les exportateurs québécois et canadiens, mais la faible relance de la demande américaine, la concurrence des pays émergents et l’insuffisance des investissements constituent des obstacles à la croissance des PME », conclut le rapport du STIQ.

Quelques faits saillants

  • En 2015, la valeur totale des exportations internationales québécoises atteignait 82 G$ ;
  • Quatre industries comptent pour 31 % des exportations québécoises : fabrication de produits aérospatiaux et de leurs pièces ; production et transformation d’alumine et d’aluminium, usines de papier; fonte et affinage de métaux non ferreux ;
  • Les États-Unis demeurent de loin le principal marché des produits québécois exportés. En 2015, 72 % des exportations y étaient achemi nées. Trois ans auparavant en 2012, ce pourcentage était de 69 %.

Bernard Gauthier Rédacteur en chef émérite

Lire notre plus récent magazine
Nos annonceurs