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Au Centre local de développement de Joliette (CLD), on fait état de quelques entreprises d’engrais, d’une entreprise de peinture, d’encre, de produits cosmétiques et de quatre entreprises, qui oeuvrent dans les produits d’entretien sanitaires. Au total, ces industries embauchent environ 200 employés. Lanaudière ne possède donc pas une grande proportion de ce type d’industries. Le fait que la région n’est pas un secteur niche des produits chimiques s’explique par sa proximité de Montréal.

«Les principales usines sont à Montréal. Nous sommes trop proches et trop loin en même temps. Nous sommes trop éloignés des matières premières et nous n’avons pas non plus de port pétrolier», souligne Jean-François Hénault, commissaire à l’implantation au CLD.

Un autre élément qui expliquerait cette situation serait la crainte qu’inspire le mot chimique et la mauvaise presse de cette industrie. «C’est un secteur qui a longtemps été craint à cause des rejets. Les gens n’en veulent pas dans leur cour», mentionne M. Hénault. Les municipalités n’ont donc pas offert d’incitatifs pour aider l’implantation de ce type d’entreprises et, selon les constatations de M. Hénault, il serait peu probable que la situation change prochainement.

Être ou ne pas être chimique

Dans le registre de M. Hénault, les deux principaux types d’entreprises dans Lanaudière qui sont inscrits dans le secteur chimique, sont ceux de produits d’entretien et d’engrais. Par contre, les entreprises approchées nient catégoriquement s’inscrire dans cette catégorie. C’est le cas des Produits chimiques Sany, la plus grosse entreprise de production de produits sanitaires de la région et qui emploie, à elle seule, près de 70 employés.

«La seule place où ce nom est utilisé, c’est dans notre patronyme parce que ce serait trop de problèmes de changer cela», mentionne Paul Sanschagrin, vice-président et directeur général de cette entreprise. En effet, lors de sa création en 1960, une loi obligeait les entreprises de ce type à inscrire le nom chimique dans leur raison sociale. Si au départ cette appellation pouvait être justifiée, M. Sanschagrin mentionne que l’entreprise ne peut plus être considérée comme une compagnie de produits chimiques.

«Depuis six ans, nous achetons des produits environnementaux. Ici, nous importons des matières premières biodégradables et sans danger pour l’environnement et nous fabriquons nos produits à partir des recettes que nous avons élaborées. À la fin, il n’y a aucun résidu rejeté dans l’environnement. Il nous reste quelques produits chimiques que nous éliminons tranquillement, mais nous n’en fabriquons pas».

Cette entreprise met donc beaucoup d’énergie à la recherche et au développement dans le but d’être plus respectueuse de l’environnement. Les résultats seraient d’ailleurs probants, car il semblerait que les nouveaux produits soient plus performants que ceux qui étaient chimiques à l’origine.

Si M. Sanschagrin conteste l’inscription de son entreprise dans le secteur des produits chimiques, elle est tout de même soumise à des normes environnementales sévères.

Il croit d’ailleurs que si c’était à refaire, l’emplacement de Sany à Joliette serait étudié de plus près. «Nous nous sommes installés ici parce que notre famille vient de Joliette, mais il n’y a pas d’avantages à s’installer dans une région, si ce n’est que le prix des terrains. La bâtisse coûte la même chose, car elle est soumise aux règles provinciales». D’ailleurs, le fait d’être éloigné des grands centres serait un inconvénient, puisque le coût du transport y serait plus élevé.

L’appellation chimique, qui suit souvent le mot engrais, serait une erreur selon Luc Boivin, directeur général d’Agro Centre, situé à Saint-Thomas. «Il y a les engrais organiques et minéraux. Ces derniers viennent des mines. Le mot, engrais chimique, ce sont les plus vieux qui disent cela, mais les engrais ne sont pas chimiques, comme certains pesticides».

Zinc, potasse, calcium et bien d’autres, M. Boivin souligne que son entreprise reçoit la matière première et qu’elle fait des recettes selon les besoins des agriculteurs. Aucune matière première ne provient de cet endroit et, selon M. Boivin, à moins d’avoir une mine sur place, il est peu probable que cela change. Pourquoi alors les engrais sont-ils inscrits dans la case chimique? «Parce qu’on ne sait pas où nous placer».

Cependant, M. Boivin admet qu’il y a une exception à la règle en ce qui concerne l’urée. Cette matière, qui provient de la dégradation d’acides aminés, est utilisée dans la fabrication d’engrais azotés. «C’est peut-être le seul produit chimique que nous avons».

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