Surtout depuis la globalisation des marchés et la présence accrue de la Chine en Occident. Des milliers d’entreprises doivent réorienter leurs activités du fait qu’elles ne peuvent plus concurrencer économiquement un géant qui se spécialise dans la production de masse.
Mais heureusement, il y a une lueur d’espoir à l’horizon. Et son origine émane d’Europe. «Après avoir discuté avec plusieurs intervenants du milieu à Montréal, qui sont en étroite relation avec des partenaires européens, on observe que le transfert de la production à grande échelle vers la Chine et d’autres pays asiatiques est pratiquement arrêté. Les productions recommencent à revenir dans les pays d’origine en Europe au cours des derniers mois. Est-ce que cette tendance va se maintenir et atteindre l’Amérique? Il est encore trop tôt pour répondre à cette question», explique Jean-François Poirier, chargé de projet, Comité sectoriel de la main-d’œuvre de l’industrie électrique et électronique du Québec.
Selon M. Poirier, une raison fondamentale pour expliquer cette tendance est celle de la qualité de nos produits. Et en ce sens, dit-il, c’est une lueur d’espoir pour les manufacturiers d’ici. De son côté, le directeur du Comité, Jacques Boudreau, estime que s’il s’agit d’un faux départ, les entreprises devront continuer de se spécialiser dans le prototypage, la production à petites quantités et le service après-vente.
«Une des seules entreprises capable de réaliser de la production de masse demeure Sanmina-SCI, située dans l’arrondissement Pointe-Claire, à Montréal. À l’heure actuelle, elle opère à quelque 40% de sa production puisque deux chaînes de montage sur six fonctionnent». Sanmina-SCI est l’une des trois plus importantes entreprises de services manufacturiers en électronique au monde.
Au Québec, on estime à 17 000 le nombre d’emplois dans le secteur de l’industrie des produits électroniques. Pour ce qui est des entreprises, elles sont près de 300 au Québec, dont une dizaine d’importance majeure comme IBM et Dalsa Semiconducteur, à Bromont, en Estrie.
«IBM ne pense qu’à l’innovation, la recherche et le développement. Son mandat est toujours d’aller plus loin et de demeurer le premier leader mondial».
Quant à Dalsa Semiconducteur, l’entreprise conçoit, fabrique et commercialise des capteurs d’images et des caméras électroniques depuis un dispositif de capture d’images. Les produits de Dalsa Semiconducteur sont largement recherchés dans le balayage numérique de documents, de chèques, de bouteilles de verre et la vérification du courrier.
L’automne dernier, Québec a octroyé une subvention de 1,4 M$ à l’entreprise pour lui permettre d’implanter une nouvelle ligne de production pour puces intégrées MEMS (micro electro mechanical systems) et de former le personnel aux nouvelles technologies et aux nouveaux équipements. Près de 400 travailleurs ont un emploi chez Dalsa Semiconducteur.
Dans le secteur de l’industrie des produits électriques, le bilan est relativement stable depuis les dix dernières années. En l’absence de projets majeurs, la croissance a plutôt été relativement faible. Mais les choses risquent bien de prendre une tournure différente au cours des prochaines années. «Depuis l’annonce des gros projets hydroélectriques sur les rivières Eastmain-1 et Rupert, cela va donner de l’emploi aux équipementiers – les fabricants de transformateurs et de turbines – d’ici deux ans.
Les premières années de tels projets sont toujours consacrées aux études, à la planification et à la construction. Après quoi, entrent les équipements, tels les câbles etc… Tout ceci devrait générer plusieurs emplois chez les entreprises d’ici», estime Jacques Boudreau.
Dans l’industrie des produits électriques, le vieux proverbe, le malheur des uns fait le bonheur des autres s’applique à la lettre. Grâce à la tempête de verglas de 1998, qui a plongé dans le noir des milliers d’abonnés pendant plusieurs semaines au Québec, cela a permis à l’industrie de se maintenir en raison des nombreux transformateurs et câbles électriques qui devaient être remplacés. Aujourd’hui, ce sont les projets de barrages qui donnent une nouvelle lueur d’espoir.
«Avec le tableau à venir, les besoins en main-d’œuvre sont évidents du fait aussi que plusieurs mises à la retraite sont prévues. La question qui se pose à présent: quelle sera la proportion du nombre d’emplois créés à l’étranger versus au Québec puisque ce sont pour la plupart des filiales de grandes entreprises européennes. Tout repose sur leur vision et rien n’est écarté».
Près de 16 000 travailleurs se retrouvent dans cette industrie qui regroupe 300 entreprises manufacturières. Celles-ci sont principalement concentrées dans la grande région de Montréal et en Mauricie.
Les deux industries doivent s’ajuster aux nouvelles réalités, surtout l’industrie des produits électroniques. C’est le cas notamment de la nouvelle réglementation environnementale limitant l’usage de certaines substances, ce qui entraîne une mise à jour des compétences des entreprises et des travailleurs. Dépendantes des prix des matières premières, les entreprises doivent faire volte-face rapidement pour demeurer concurrentielles. Autrement, leur survie ne sera qu’une question de temps.
Dans le secteur des produits électriques, sa main-d’œuvre vieillissante dans un environnement technologique en évolution rapide cause problème.
Il y a un manque de travailleurs spécialisés et l’arrivée de l’énergie éolienne sur le marché québécois transforme les besoins de main-d’œuvre.
Il y a un urgent besoin d’ingénieurs mécaniques et électriques pour combler tous les besoins. Et pour le Comité sectoriel de la main-d’œuvre de l’industrie électrique et électronique, la solution repose sur deux points: assurer des formations spécialisées pour les assembleurs de circuits imprimés et surtout, promouvoir et valoriser les métiers, les techniques et les professions reliées aux deux secteurs.