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Aluminium : une reprise plus lente que prévue

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Dans la région, l’industrie de l’aluminium primaire assure 3,3 % de la production mondiale, représente 35 % de la production canadienne (976 000 tonnes métriques) et procure de l’emploi à plus de 7 000 travailleurs.

Les quelque 75 entreprises manufacturières liées à l’aluminerie œuvrent dans les secteurs suivants :

  • production d’aluminium primaire et d’alliages (métal chaud, lingots, gueuses);
  • production de produits semi-finis en aluminium (feuilles, câbles, lingots, plaques, blocs);
  • production de produits finis, en tout ou en partie en aluminium (vélos, tubes, ailes d’aéronefs, remorques de camions, chapiteaux, enseignes, échangeurs de chaleur, etc.);
  • fabrication d’équipements spécialisés pour l’industrie mondiale de la production de l’aluminium;
  • recyclage d’aluminium ou valorisation des résidus de la production d’aluminium.

Depuis deux ans, plusieurs projets ont commencé et donné de l’espoir à une reprise ferme des opérations dans l’aluminerie. Ce fut le cas du démarrage des usines AP50 et AP60 à Jonquière, avec des investissements de 3,6 milliards de dollars.

L’objectif ultime est d’atteindre une production annuelle totale de 460 000 tonnes d’aluminium. « En 2013, le projet d’agrandissement de l’usine Rio Tinto à Alma ira moins vite que les prévisions, en raison d’un ralentissement dans la demande. Le secteur est appelé à rationaliser ses activités au cours des prochaines années. D’ici deux ans, je ne crois pas qu’il y aura de la création d’emplois dans ce secteur au Saguenay—Lac-Saint-Jean », indique Gilles Bergeron, professeur en économie à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC).

À son avis, le secteur des équipementiers lié de près à l’aluminium est très prometteur. Plusieurs entreprises se sont développées au cours des dernières années et devraient prospérer dans un proche horizon.

« Plusieurs projets de construction d’usines sont en cours dans le golfe du Saint-Laurent et nos entreprises rayonnent à l’étranger. On peut penser que le dynamisme va se poursuivre », ajoute Gilles Bergeron.

Outre Rio Tinto Alcan, la Vallée de l’aluminium affiche la plus grande concentration d’activités de transformation au pays. La présence d’une soixantaine d’entreprises dans des créneaux variés le confirme : extrusion, moulage, tréfilage, laminage, usinage et fabrication.

Saguenay

La ville de Saguenay compte le plus grand nombre d’experts en aluminerie en Amérique du Nord. C’est la filière régionale : le Centre québécois de recherche et de développement de l’aluminium (CQRDA), le Centre des technologies et de l’aluminium (CNRC-CTA), le Centre de recherche sur l’aluminium (REGAL) et le Centre universitaire de recherche sur l’aluminium (CURAL).

La grappe aluminium à Saguenay s’articule autour d’un noyau d’institutions de recherche et de développement, de fournisseurs, d’investisseurs, de maisons d’enseignement et de partenaires socioéconomiques.

Elle fournit un environnement propice au réseautage et au développement, de même qu’à la commercialisation de produits liés à l’industrie de l’aluminium. Son dynamisme favorise l’éclosion de nouvelles entreprises et contribue à l’atteinte d’une masse critique d’employés qualifiés et d’experts.

En plus des usines Dubuc et Lapointe de Rio Tinto Alcan, la municipalité compte plus d’une trentaine d’entreprises et près de 2 500 emplois associés à la transformation de l’aluminium et à la fabrication d’équipements spécialisés. « L’industrie de l’aluminium est notre plus grande force à Saguenay.

Il est clair que notre défi est d’inciter les petites entreprises liées à ce secteur à exporter en masse puisqu’il n’y aura plus de croissance d’emplois dans la fabrication primaire », explique Claudia Fortin, directrice générale au CLD de la ville de Saguenay.

Selon le CLD de la ville de Saguenay, après une longue période d’attente en raison d’un marché défavorable, Rio Tinto Alcan a investi dans la modernisation de ses alumineries au Canada, dont l’usine pilote AP60 à Jonquière.

Lors de la première phase, la nouvelle usine AP60 de Jonquière comprendra 38 cuves pour une production évaluée à 60 000 tonnes d’aluminium d’ici la fin de l’année. Développée au départ par Pechiney, une acquisition d’Alcan, cette technologie est baptisée AP60 pour sa puissance de 600 000 ampères, permettant de produire 40 % de plus d’aluminium que les usines existantes.

Il s’agit d’une évolution technologique de premier plan pour cette industrie. La région bénéficiera ainsi d’une vitrine exceptionnelle sur le plan des technologies de pointe dans la production primaire d’aluminium.

Lac-Saint-Jean

Au Lac-Saint-Jean, l’influence de la Vallée de l’aluminium joue un rôle crucial dans le développement d’entreprises liées à ce secteur, comme les équipementiers. « Nous consacrons beaucoup d’efforts pour que des entreprises novatrices viennent s’implanter chez nous. Et les travaux de recherche effectués à l’UQAC à ce sujet sont déterminants », indique Laval Gérard, directeur général au CLD Lac-Saint-Jean-Est.

Pâtes et papiers

C’est un secret de polichinelle : le secteur des pâtes et papiers connaît une décroissance depuis les dix dernières années. Le secteur est encore appelé à rationaliser dans ses dépenses au cours des prochaines années, comme ce fut le cas à l’usine d’Alma avec des coupures de postes.

« Lorsque la production est coupée dans les pâtes et papiers, cela touche inévitablement le prix des copeaux fabriqués en scieries. Pour améliorer la rentabilité de ces usines, les copeaux doivent être vendus à des prix raisonnables. Toutefois, je dirais que le pire est derrière nous. La situation devrait s’améliorer dans les scieries; on sent une reprise dans la demande et une hausse des prix sur les produits de construction », précise Gilles Bergeron de l’UQAC.

Pour sa part, le directeur général de la Conférence régionale des élus du Saguenay—Lac-Saint-Jean (CRÉ), Marc Dubé, croit que les ressources forestières risquent d’être modifiées considérablement dans la région, avec les années.

Selon les dernières données du Bureau du forestier en chef, la récolte d’arbres, qui était autrefois de 9 millions de mètres cubes par année, est passée actuellement à 5,6 millions de mètres cubes.

« Nous travaillons présentement sur un projet visant à rétablir la possibilité de récolter 8 millions de mètres cubes d’ici 40 ans. Si nous consacrons des superficies à la haute production forestière, nous atteindrons nos objectifs sans créer de remous majeurs. Et le nombre d’emplois ira en augmentant », précise Marc Dubé.

Secteur manufacturier

La ville d’Alma n’a pas été épargnée avec la suppression récente de 112 emplois à son usine de pâtes et papiers Produits forestiers Résolu. La région du Lac-Saint-Jean est particulièrement vulnérable au secteur forestier, et c’est la raison pour laquelle elle tient à développer de nouveaux terrains d’accueil.

« Pour réussir à maintenir le cap, il faut se diversifier et exporter le savoir-faire de nos entreprises. Dans le secteur manufacturier, le Lac-Saint-Jean compte environ 200 entreprises, et l’environnement fait partie de nos points forts. Nous sommes autonomes et les ressources naturelles sont très présentes. Sur les chantiers de construction, une entreprise comme Béton préfabriqué du Lac (BPDL) est active partout en Amérique du Nord. Nous voulons faire de même avec plusieurs autres entreprises », raconte Laval Gérard.

Espaces industriels

Toujours au Lac-Saint-Jean, les activités industrielles ont augmenté de 36 % l’an dernier par rapport à 2011, une hausse significative selon le dernier bilan du rapport annuel d’urbanisme du CLD Lac-Saint-Jean-Est. À quoi attribuer ces résultats ?

À quelques entreprises liées à la transformation du bois et à l’usinage qui ont décidé de s’installer dans la région. De plus, une quinzaine d’emplois ont été créés à l’usine de produits Boréal et au centre d’usinage du Centre de formation professionnelle d’usinage Alma qui a été agrandi.

« Nous manquons déjà d’espace dans nos parcs industriels. Le Saguenay est appelé à devenir une plaque tournante pour le développement du Nord québécois. Le projet d’une desserte ferroviaire a été accepté par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) et les appels d’offres viennent d’être publiés », ajoute Claudia Fortin.

Projet de desserte ferroviaire

La desserte ferroviaire, d’une longueur de 12,25 km, reliera le parc industriel maritime intermodal à la voie principale du chemin de fer Roberval-Saguenay, propriété de Rio Tinto Alcan. Une gare intermodale, comprenant des voies de service, des aires d’entreposage et de manutention ainsi qu’un hangar, sera aménagée dans le parc industriel afin d’y effectuer les manœuvres associées à la manutention des marchandises et au tri des engins roulants. Le coût prévu du projet est de 35 millions de dollars.

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