Fermetures et rationalisations sont alors devenues monnaie courante. Ici, au Québec, l’usine de Rio Tinto Alcan de Beauharnois entre autres a dû cesser ses opérations, et l’on est bien au fait de la saga de l’usine de Saguenay, qui a connu un dénouement heureux il y a quelques semaines seulement.
Une fin importante puisque la production québécoise d’aluminium primaire représente plus de 90 % de la production totale au pays. En 2008, la seule production québécoise d’aluminium se classait au troisième rang mondial, soit 7,1 % des 40 millions de tonnes produites, derrière la Chine et la Russie.
Avec les six alumineries présentes sur le territoire québécois, opérées par Rio Tinto Alcan, Alcoa et le consortium Alouette, l’industrie génère 10 500 emplois directs et plus de 20 000 indirects. Toutefois, les intervenants du milieu préviennent que rien ne doit être considéré comme acquis. C’est du moins ce qu’affirmait récemment le président de l’Association de l’aluminium du Canada, monsieur Jean Simard.
« Si le Québec s’en est mieux tiré pendant la crise, on le doit notamment aux investissements massifs effectués afin de moderniser les équipements. Ainsi, les usines ont pu affronter la tourmente plus facilement. »
L’industrie métallurgique en général, on le conçoit fort bien, est une industrie énergivore. En fait, les dépenses d’énergie représentent le quart, voire le tiers des coûts de production pour une aluminerie. Il est donc évident que celles-ci redoutent une hausse soutenue des coûts d’électricité, principale source énergétique.
Et contrairement à ce que l’on peut croire, les tarifs hydroélectriques québécois ne sont pas les meilleurs qui soient. Au mieux, on parle de tarifs moyens qui pourraient bondir à la fin des contrats, prévue en 2017. En effet, ces derniers octroyaient des tarifs réduits aux entreprises qui investissaient massivement au Québec.
Devant cette sombre perspective, les entreprises devront notamment compter sur leur propre production hydroélectrique afin de ne pas voir leurs coûts de production progresser de manière exponentielle.
Malgré les pressions économiques encore existantes qui maintiennent le cours de l’aluminium sous la barre des 1 700 $US la tonne (voir tableau), l’industrie n’en demeure pas moins confiante face à l’avenir.
Paradoxalement, puisqu’elle fut longtemps identifiée comme une des industries les plus polluantes, c’est dans les questions environnementales qu’elle entrevoit certains débouchés, notamment chez les constructeurs automobiles, mais aussi auprès des fabricants d’équipements de transport en commun.
En effet, le souci de produire des véhicules moins énergivores et moins polluants implique l’utilisation de matières premières moins lourdes, tel l’aluminium.
C’est sans doute pourquoi certaines entreprises ont annoncé des investissements importants afin d’augmenter leur capacité de production. C’est le cas notamment de l’aluminerie Alouette de Sept-Îles, en décembre dernier, pour sa troisième phase d’expansion consistant en l’ajout d’une troisième salle de cuves, qui à elle seule en comptera 216.
Dès qu’elle sera opérationnelle, la nouvelle salle génèrera plus de 1 500 emplois directs et indirects. Le numéro mondial, la multinationale russe Rusal, qui possède 16 alumineries en Europe et en Afrique, démontre également un intérêt pour implanter une aluminerie à Sept-Îles. Le maire de la petite municipalité de la Côte-Nord a d’ailleurs confirmé la visite des installations portuaires par les mandataires de l’entreprise il y a deux mois.
Un dossier à suivre.
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