L’industrie agroalimentaire se divise en quatre grandes familles: la transformation de la viande et de la volaille, les produits de la boulangerie, les boissons et la culture des légumes et de la pomme de terre. Cette dernière catégorie est la plus importante et compte une soixantaine d’entreprises. Lanaudière regroupe donc une mosaïque de produits tous plus différents les uns des autres et c’est d’ailleurs ce qui fait sa force.
«Il y a environ 140 entreprises agroalimentaires dans la région. De ce nombre, 80% sont des petites entreprises qui mettent sur le marché des produits de niche. Elles n’ont pas le choix, car dans le domaine de l’alimentation, la concurrence est féroce et les entreprises doivent se démarquer», explique Benoit Rivest, directeur général du Conseil de développement bioalimentaire de Lanaudière (CDBL).
Le hic, c’est que les produits différents sont si recherchés que les producteurs et les transformateurs ont parfois de la difficulté à répondre à la demande. «Il faut travailler sur la capacité de gestion des entreprises, car c’est le talon d’Achille de bien des entreprises», mentionne M. Rivest.
Si ces produits sont de plus en plus populaires, ils ne sont pas disponibles pour autant dans tous les commerces alimentaires de la région. En effet, les maisons-mères des grandes chaînes ne sont pas toujours ouvertes à l’arrivée de produits régionaux sur les tablettes. Pour contrer ce problème, le CDBL, en collaboration avec d’autres partenaires, vient tout juste de lancer une campagne de promotion d’achat local qui identifie les produits lanaudois. «On sème pour récolter plus tard. Si les consommateurs achètent plus de produits de chez eux, ce sont des emplois qui sont protégés et peut-être d’autres qui vont être créés», a mentionné Daniel Lamontagne, de Breuvages Kiri. Même son de cloche de la part de Nathalie Rainville, de Cuisine Poirier. «Nous existons depuis 20 ans, mais beaucoup de gens ne nous connaissent pas encore. Cette campagne va nous donner un bon coup de main en nous apportant de la visibilité».
Les épiciers approchés pour cette campagne sont ceux qui avaient déjà démontré le désir de vendre des produits régionaux. «Au mois de septembre dernier, nous avons dévoilé un indice des épiciers qui faisaient la promotion des produits locaux. Ce sont donc eux que nous avons ciblés en premier pour notre campagne d’achat local», a mentionné M. Rivest.
En plus de cette campagne d’achat local, le CDBL a développé une carte des chemins de campagne, qui propose cinq circuits gourmets pour les amateurs de produits du terroir. Une cinquantaine de producteurs sont mentionnés chaque année dans cet outil. «Les entrepreneurs lanaudois ont développé un savoir-faire enviable dans les produits de spécialité. Depuis quelques années, nous assistons à un essor des activités de transformation des produits agricoles à la ferme, ce qui permet aux producteurs d’ajouter une plus-value à leurs produits».
Si les petites entreprises sont les plus nombreuses, une dizaine d’industries seulement sont considérées comme les chefs de file de ce secteur. En effet, à elles seules, ces industries embauchent près de 80% de la main-d’oeuvre de ce secteur. Cependant, la recherche d’employés est difficile. À peine ont-ils terminé leurs études, qu’ils sont déjà embauchés. «Il n’y a pas assez de monde. Il faut valoriser la profession, car elle est peu connue», mentionne M. Rivest.
La présence sur le marché de cette dizaine d’entreprises est si importante dans le secteur agroalimentaire que le ministère du Développement économique, Innovation et Exportation a établi que l’agroalimentaire est un créneau d’excellence de la région.
Le Ministère souhaite que les entreprises s’entendent pour augmenter leur compétitivité sur les plans nord-américain et mondial et qu’elles puissent créer un réseau capable d’exporter davantage et de tirer son épingle du jeu au niveau international. En effet, la valeur des exportations totales de Lanaudière est de 1,13G$, soit 1,7% de celle du Québec.
Pour répondre à la demande du Ministère, le CDBL et plusieurs partenaires se sont concertés pour mettre en place le projet Action concertée de coopération régionale de développement (ACCORD).
Ils se sont entendus sur les actions à mettre en place pour que d’ici 2013, la région soit reconnue comme chef de file de cette industrie. Les entreprises vont donc travailler, entre autres, au maintien et au développement de la main-d’oeuvre, sur l’innovation et le développement de nouveaux produits et sur la mise en valeur de sous-produits. Ils se sont aussi donnés comme objectif de regrouper les achats, les ventes et la promotion.
«Si les entreprises se mettent ensemble pour effectuer des analyses de laboratoire par exemple, elles vont pouvoir obtenir de meilleurs prix et ainsi elles vont réduire leurs coûts», a mentionné M. Rivest. Le plan d’action est terminé, mais encore faut-il qu’il le Ministère y adhère et l’approuve. La réponse du Ministère devrait être connue d’ici quelques semaines.