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Après plusieurs mois de négociation, la première ministre, Pauline Marois, a annoncé le 25 février à Baie-Comeau que l’aluminerie bénéficierait d’un tarif inférieur à 0,03 $ le kWh.

En contrepartie, Alcoa renonce à fermer ses trois usines qui emploient plus de 3 000 travailleurs et, ce qui est encore plus important, s’engage à investir 250 M$ au cours des cinq prochaines années dans ses installations.

Cette entente, qui garantira un tarif «L» sous la barre des 0,03 $ le kWh, est valable pour les quinze prochaines années pour l’usine de Baie-Comeau et pour vingt-cinq ans en ce qui a trait aux deux autres usines du groupe.

Partage de risques

L’entente stipule toutefois que ce nouveau tarif constitue un prix plancher et que, en vertu des fluctuations possibles du prix de l’aluminium, Alcoa pourrait payer un tarif plus élevé. Actuellement, l’aluminium se négocie sur les marchés à environ 1 750 $ la tonne, alors qu’il n’y a pas si longtemps on flirtait avec un prix à la tonne avoisinant les 3 000 $.

C’est dans cette optique que le gouvernement tenait à cette clause de partage de risques qui permettrait à Hydro-Québec d’augmenter le tarif « L » (le tarif consenti aux grandes entreprises industrielles) dévolu à Alcoa.

Sans toutefois parler d’un tarif à 0,047 $ le kWh, tel qu’il apparaît actuellement sur les factures d’hydroélectricité des autres grandes compagnies industrielles, la société d’État aura donc tout le loisir de majorer le taux d’Alcoa en fonction des prix du marché et donc de ses revenus.

Gentille Alouette ?

De son côté, l’aluminerie Alouette qui, mentionnons-le, dispose des plus vastes installations en Amérique du Nord, ne cache pas ses intentions quant à l’octroi d’un tarif similaire.

Sans toutefois évoquer une quelconque menace de fermeture, son président, André Martel, a néanmoins tenu à préciser qu’un tarif «L» à 0,047 $ le kWh freinait grandement le projet d’investissement de 1,2 G$ prévu par l’entreprise à ses installations de Sept-Îles.

Savoir-faire québécois

Avec environ 2,9 millions de tonnes produites en 2010, le Québec était alors au troisième rang mondial parmi les pays et régions producteurs d’aluminium, ce qui représente 7 % de la capacité mondiale de production.

La présence du Québec parmi les producteurs principaux au monde — alors qu’il est dépourvu de bauxite, le minerai de base – s’expliquait à l’origine par des coûts compétitifs d’électricité ainsi que par la proximité des États-Unis.

Aujourd’hui, malgré le fait que le Québec soit désormais davantage éloigné des marchés en croissance (notamment l’Asie) et malgré l’érosion de l’avantage que constituaient les prix de l’électricité, sa force actuelle s’appuie sur l’expertise qui s’y est développée sur le plan de la main-d’œuvre, des sous-traitants et équipementiers, de même que sur le plan de la recherche.

Afin de retrouver sa pleine compétitivité sur les marchés, l’industrie n’avait donc d’autres solutions à court terme que de forcer la main du gouvernement pour que ses coûts en approvisionnement d’énergie soient les plus bas possible.

Ainsi, des joueurs comme Alcoa, Alouette et Rio Tinto Alcan pourront dégager des fonds et les allouer directement à la modernisation de leurs installations et équipements.

Dans le cas contraire, une longue période marquée par le sous-investissement contribuerait au glissement graduel et inévitable de ces usines vers la fermeture.

Face à des marchés comme celui de la Chine, dont la part est passée de 12 à 40 % en dix ans à peine, l’industrie québécoise doit miser sur son savoir-faire et son expertise afin de demeurer dans les premiers rangs de l’échiquier mondial de l’aluminium.

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