1
Dec

À quelques jours du sommet de Copenhague, le Canada demeure toujours muet

Partager :
Auteur:  

Après s’être engagés en 1997 à réduire d’un petit 5 % leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) par rapport aux niveaux de 1990, les signataires du protocole de Kyoto sont de nouveau conviés pour s’entendre sur les nouvelles cibles de diminution des gaz à effet de serre d’ici 2020. Bien que les effets du réchauffement climatique n’aient ni couleur, ni race, ni pays, certains tenants de l’inaction et de l’évitement semblent quant à eux avoir une nation : le Canada.

À quelques semaines de la tenue de cette rencontre internationale de la plus haute importance, le Canada est toujours muet quant aux positions qu’il entend y prendre. Alors que les délais s’écourtent, le gouvernement fédéral persiste dans son mutisme, refusant de présenter sa position officielle. Il ne faut pas chercher loin pour comprendre que les intérêts des industries polluantes, dont celles de l’Alberta, pèsent dans la balance des considérations actuelles.

Les partis d’opposition ont beau dénoncer la douteuse décision du ministre fédéral de l’Environnement, Jim Prentice, rien n’y fait. Le fédéral claironne un désir de s’accorder aux objectifs internationaux sans pour autant prendre d’engagement réel. Dans ce contexte, où rien ne prête à rire, à la Chambre des communes, on a l’impression que notre ministre fait le pitre. On est loin de l’époque où le Canada brillait par des positions sensées et progressistes. Même l’opportunisme vert d’un Stéphane Dion nous semble a posteriori plus souhaitable que la décevante indolence du gouvernement actuel.

Nul n’ignore toutes les tentatives des Conservateurs visant à se soustraire aux engagements pris au Sommet de Kyoto.

Ainsi, quel espoir peut-on légitimement nourrir lorsqu’on sait que le Canada n’a fait aucun effort, ni pris de mesures concrètes en vue d’atteindre les objectifs de réduction de 6 % des émissions canadiennes de GES sous le niveau de 1990 pour la période 2008-2012 ?

Dans le document disponible sur le site du ministère de l’Environnement du Québec, on peut même lire que « ces dernières ont augmenté de 22 % entre 1990 et 2006 et qu’en 2007, les cibles que le gouvernement canadien entendait respecter à l’horizon 2020, étaient de 3 % sous le niveau de 1990 (20 % sous le niveau de 2006). » Ces faits parlent d’eux-mêmes, et rien ne sert aujourd’hui d’en rajouter au chapelet des reproches que plusieurs organismes et pays ont déjà adressés au Canada. Nous ne sommes donc pas étonnés de voir nos gouvernants fédéraux actuels hésiter à présenter le cadre réglementaire pour la réduction des gaz à effet de serre attendu depuis déjà trois ans en prévision de la rencontre de Copenhague.

Pendant ce temps-là, à Québec, du 22 octobre au 4 novembre, quelques convaincus se sont gargarisés devant une Commission parlementaire tenue à l’instigation de la ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, Mme Line Beauchamp.

Le but de ces consultations est « de fixer la prochaine cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre du Québec à l’horizon 2020 », indique le communiqué.

Nous ne sommes pas contre la vertu, mais dans la mesure où le Canada ne parle que d’une seule voix dans les instances internationales, quel mot le Québec aura-t-il à dire? Le Québec, comprenons-le, n’est pas une nation, et dans les faits, il ne jouit d’aucune souveraineté politique à l’étranger, ni même dans le cadre de la Fédération parfois! Alors…

L’humanité dispose de peu de temps pour renverser la vapeur et freiner les conséquences des effets d’une pollution à laquelle les pays industrialisés contribuent trop. De plus, ce ne sont pas les populations de ces pays qui risquent d’en souffrir le plus, mais celles des pays en voie de développement. Une variation de la température de quelques degrés peut entraîner la raréfaction de l’eau dans certaines régions de la planète. Cela menacera la survie de certaines espèces animales et végétales et engendrera les conséquences que l’on peut imaginer pour les populations touchées.

Compte tenu de cette possibilité, les représentants des pays en voie de développement ont raison d’adopter la ligne dure dans le cadre des rencontres préparatoires et d’exiger que les pays industrialisés, principaux responsables de cette pollution planétaire, assument leur juste part de responsabilité.

Compte tenu de l’attitude actuelle du gouvernement canadien, on voit mal comment la rencontre de Copenhague pourra se conclure par un accord entre les nations où chacun assumera sa part de responsabilité dans la mondialisation de la pollution.

Myrna Chahine

Professeure de philosophie

Cégep Marie-Victorin

Lire notre plus récent magazine
Nos annonceurs