L’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) a publié dans deux fiches qui concluent que l’inflation historique que nous vivons profite aux entreprises canadiennes.
Cependant, l’exercice indique également qu’en haussant les taux d’intérêt afin de provoquer un ralentissement économique, la Banque du Canada favorise les milieux financiers et fait porter aux ménages canadiens le poids économique de la lutte contre l’inflation.
IRIS indique que l’inflation actuelle devrait plutôt être perçue comme un signal supplémentaire de la nécessité d’accélérer la transition énergétique, de lutter contre la concentration improductive des richesses et de réviser à la baisse certains tarifs régressifs.
Des profits records pour les entreprises canadiennes
Les profits des entreprises canadiennes ont augmenté de plus de 10 % au cours des quatre derniers trimestres, ce qui représente 91 G$ de bénéfices nets supplémentaires.
« Contrairement aux ménages, dont les salaires stagnent, les entreprises semblent avoir largement profité du contexte d’inflation pour majorer leurs prix. Cette manœuvre leur aurait permis d’engranger des profits records tout en contribuant à l’accélération de l’inflation. C’est notamment le cas des commerces d’alimentation qui ont plus que doublé leur marge de bénéfices, encaissant plus de 3,6 milliards de dollars de bénéfices supplémentaires. Du côté du secteur financier, le surprofit récent s’élève à 21 milliards de dollars », soutient M. Guillaume Hébert, chercheur à l’IRIS et co-auteur des fiches.
Lutter contre les effets de l’inflation
Face aux hausses de prix, IRIS est d’avis que le gouvernement devrait s’assurer de protéger le pouvoir d’achat des ménages. L’Institut propose plusieurs mesures que peuvent adopter les gouvernements à cet égard.
« L’augmentation des salaires au niveau de l’inflation est la mesure la plus efficace pour contrer les problèmes causés par l’augmentation générale des prix », indique M. Pierre-Antoine Harvey, chercheur associé à l’IRIS et co-auteur des fiches. Certains craignent que la hausse des salaires contribue à l’installation d’une spirale où l’inflation nourrirait des augmentations de salaire qui entraîneraient à leur tour une inflation élevée sur une plus longue période. Or, l’ajustement des salaires au coût de la vie n’a pas d’effet amplificateur durable sur l’inflation. »
« Les gouvernements peuvent également compenser l’inflation générale en réduisant les tarifs et les prix qu’ils contrôlent tels que les tarifs d’hydroélectricité ou le coût des services de garde. Ils peuvent aussi soutenir les municipalités pour qu’elles instaurent la gratuité du transport en commun sur leur territoire. Par ailleurs, des mesures doivent être mises en place pour limiter la capacité des entreprises d’augmenter exagérément les prix, telles que la surveillance accrue de la concentration des secteurs et la lutte contre les pratiques de concertation sur les prix », explique M. Hébert.
La Banque du Canada fait fausse route?
IRIS indique qu’en analysant les facteurs en cause dans la hausse généralisée des prix, on constate que les dépenses directes en énergie expliquent plus de 52 % de l’inflation annuelle excédentaire observée depuis le début de la pandémie. De plus, la croissance de plus de 10 % par année de la marge de profits des entreprises, bien supérieure de celle de 3,1 % des salaires explique une part de l’inflation actuelle.
« La hausse du taux directeur n’aura pas d’effet direct sur la flambée des prix du pétrole ni sur l’appétit des grandes entreprises pour des profits élevés. Non seulement la stratégie actuelle de la Banque du Canada ne s’attaque pas aux causes fondamentales de l’inflation, mais elle pourrait être contre-productive si elle cause un ralentissement de l’économie. Ce seront avant tout les travailleuses et les travailleurs qui feront les frais d’une telle approche. Le chômage qui résulterait d’un recul de l’activité économique serait catastrophique pour les ménages canadiens », conclut M. Harvey.
Consultez les fiches de l’IRIS.
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