À la suite de l’annonce de l’Opération main-d’œuvre du gouvernement du Québec qui confirme un investissement de 3,9 milliards de dollars dans 6 secteurs priorisés de la province, les Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) sont d’avis que le secteur manufacturier, considéré stratégique et qui est lui aussi frappé de plein fouet par la pénurie de main-d’œuvre, est oublié.
« D’un côté, le premier ministre dit que le secteur manufacturier est stratégique, qu’il faut produire plus de produits au Québec et qu’il faut augmenter nos exportations. De l’autre, on ne considère pas ce secteur lorsque vient le temps de proposer des mesures spécifiques pour pallier la pénurie de main-d’œuvre. On souhaite que le gouvernement mette en place des mesures fortes qui ont de l’impact pour diminuer le nombre de postes vacants dans nos entreprises manufacturières, les piliers du développement économique de nos régions et assurer notre compétitivité », affirme Mme Véronique Proulx, présidente-directrice générale de MEQ.
Bien que le programme propose des investissements dans les secteurs stratégiques pour l’économie du Québec, tels que les technologies de l’information, le génie et la construction, qui pourraient aider en partie au secteur manufacturier d’ici 2025, c’est le secteur manufacturier tout entier qui ce doit être ciblé, et ce dès maintenant, car il fait face, tout comme les autres secteurs, à d’importants défis de main-d’œuvre, et ce dans toutes les régions du Québec.
En effet, il y avait 25 330 postes vacants dans ce secteur au deuxième trimestre de 2021. Il offre également des emplois bien rémunérés, alors que le salaire moyen manufacturier est de 12 % plus élevé que celui dans le secteur des services.
Par ailleurs, tout comme le génie, la construction et les TI, le secteur manufacturier contribue à l’accroissement de la productivité des entreprises dans différents secteurs d’activité. En effet, la productivité du secteur manufacturier québécois est en hausse moyenne annuelle de 1,9 % au Québec contre un recul de 0,4 % en Ontario et de 1,1 % en Colombie-Britannique. Il ne faut pas non plus oublier que le secteur a eu une importance cruciale lors de la réorganisation de l’économie en période de pandémie, et ce malgré l’aide gouvernementale qui a influencé beaucoup de ses travailleurs à rester à la maison.
Des chiffres qui en disent long
Dernièrement, MEQ dévoilait, via les résultats d’un sondage, que 98,5 % des entreprises manufacturières sondées ont des besoins de main-d’œuvre. De plus, ce sondage met en lumière que le Québec a laissé sur la table 18 milliards de dollars dans les deux dernières années, seulement dans le secteur manufacturier, en raison de la pénurie de main-d’œuvre. Les entreprises sondées qui ont des activités en Mauricie, en Estrie, dans Lanaudière et en Montérégie disent avoir essuyé des pertes de plus de 10 % de leur chiffre d’affaires en contrats refusés et/ou en pertes d’opportunités dues aux retards occasionnés.
De plus, 70 % des entreprises sondées ont dû refuser des contrats et/ou accumuler les retards de production en raison d’un manque de main-d’œuvre. Ce sont des occasions d’affaires manquées, ce qui a un impact direct sur la compétitivité de nos entreprises.
« Grand Blitz pour le manufacturier »
MEQ a depuis proposé la mise en place de 13 mesures concrètes dans un Plan d’action spécifique :
- Mettre en place un programme pilote d’immigration permanente pour le secteur manufacturier.
- Accélérer l’arrivée des travailleurs étrangers temporaires.
- Augmenter les seuils d’immigration économique permanente et accélérer le processus d’admission, en tenant compte des besoins du secteur manufacturier.
- Mettre en place, par région, des missions de recrutement international au sein des pays de la francophonie pour des emplois en demande dans le secteur manufacturier.
- Mettre en place un incitatif financier pour les immigrants arrivés depuis moins de 5 ans qui vont travailler en région.
- Favoriser l’installation durable des travailleurs étrangers temporaires.
- Mieux appuyer et outiller les PME manufacturières qui font de la formation à l’interne.
- Miser sur les formations duales.
- Développer une culture d’affaires au sein de Services Québec et du Ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI).
- Mettre en place et bonifier les incitatifs financiers pour les travailleurs expérimentés.
- Mieux faire connaitre le secteur manufacturier auprès des clientèles éloignées du marché du travail.
- Attirer les jeunes dans le secteur manufacturier.
- Accentuer le soutien financier et l’accompagnement technique des entreprises manufacturières en matière d’automatisation et de robotisation.
« On comprend qu’il n’y a pas une solution magique à la pénurie de main-d’œuvre et que l’immigration n’est pas LA seule solution, mais on ne doit pas se mettre la tête dans le sable. Le bassin de travailleurs est limité. L’État, comme l’employeur, est à même de le constater. Les employeurs s’attendent à un appui fort du gouvernement alors qu’ils se cassent la tête pour maintenir leur compétitivité », conclut Mme Proulx.
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