Selon Julie Éthier, directrice générale de Développement économique Longueuil (DEL), l’organisme instigateur de ce rendez-vous annuel depuis 2010, et dont la mission consiste à propulser les entreprises du territoire de l’agglomération de Longueuil vers le succès, l’événement a joui à nouveau de la présence de plusieurs entreprises, qui fait de l’activité une véritable réussite année après année.
« La présence de 350 personnes à notre événement fait notamment la démonstration que les entreprises sont à la recherche de stratégies pour croître dans le contexte actuel que nous pouvons qualifier de turbulent. Le virage numérique, l’instabilité géopolitique, la concurrence mondiale et la pénurie de main-d’œuvre sont autant de défis qui s’ajoutent à leur charge quotidienne, complexifiant ainsi leurs opérations », explique Mme Éthier.
Pour tirer leur épingle du jeu, les entreprises doivent forcément innover. « Pour y arriver, il faut se questionner, se renouveler, se réinventer. Nous sommes parfaitement conscients que ce rendez-vous alimente la réflexion des entrepreneurs et les amènera certainement à se dépasser », ajoute la directrice de DEL.
Un terrain fertile pour les affaires
La 8e édition du Rendez-vous de l’innovation, qui s’est exceptionnellement déroulée du côté de Brossard, avait par ailleurs une symbolique pour sa mairesse, Doreen Assaad. Aux dires de la première magistrate de Brossard, cette activité permet entre autres de mettre à jour les connaissances technologiques et de rencontrer des gens d’affaires susceptibles de contribuer à dynamiser leur présence au sein de la Montérégie.
« Dans le contexte nord-américain actuel, il va sans dire que l’ouverture et l’engagement envers l’innovation sont sources de gain, de part de marché et de productivité accrue, de meilleure organisation du travail, qui visent notamment à faciliter, à recruter et à retenir une main-d’œuvre qualifiée », affirme Doreen Assaad.
La mairesse rappelle aussi que le territoire de l’agglomération de Longueuil, où se trouve entre autres la Ville de Brossard, est la 3e en importance au Québec. Elle possède entre autres des atouts de taille en matière d’innovation et bénéficie de la présence d’au moins cinq centres de recherche qui collaborent avec d’autres centres au Québec afin d’offrir un accès aux ressources spécialisées visant à faire progresser les projets des 2083 entreprises manufacturières de son territoire.
« L’Agglomération se situe au 1er rang au Québec en ce qui a trait à l’innovation. Nous y trouvons près de deux fois plus d’entreprises que la moyenne québécoise qui investissent plus de 5 % de leur chiffre d’affaires en recherche et développement », précise aussi la mairesse de Brossard.
L’innovation, un grand défi sociétal
La thématique de cette année ne tient d’ailleurs pas du hasard, ajoute pour sa part Louis J. Duhamel, président de LJD Conseils, qui est perçu comme « l’apôtre du manufacturier innovant au Québec » par le Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ). Selon lui, la croissance n’est pas une option; au contraire, elle est requise et nécessaire.
« Nous parlons d’un contexte de turbulence, de deux grandes transitions au Québec. Oui, nous parlons de la transition énergétique, mais il existe aussi la transition numérique, qui est l’autre grand défi sociétal. Ce sont les employés disponibles pour un emploi, qui freine nos élans de croissance, malheureusement. Nous sommes condamnés à trouver des solutions pour cela aussi », indique M. Duhamel.
Innover ou disparaître ?
Martin Labonté, le directeur régional de la Montérégie au ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI), croit aussi aux avantages indéniables de l’innovation pour l’entreprise. Il a d’ailleurs illustré ses propos par le slogan populaire de l’ancien maire de Montréal et ancien ministre de l’Industrie, du Commerce et de la Technologie dans le gouvernement de Robert Bourassa, dans les années 1990, Gérald Tremblay : innover ou de disparaître. Est-ce toujours possible, aujourd’hui, de ne pas innover et de rester compétitif face à la concurrence? Martin Labonté ne le pense pas.
« En gestion d’entreprises, il y a des courants forts et des modes : les normes ISO, le commerce électronique, le Lean Manufacturing et aujourd’hui, nous parlons du passage au numérique et au 4.0. Ces pratiques sont toujours d’actualité, mais sont nécessaires simultanément. Comment assurer la croissance d’une entreprise dans un contexte de turbulence, surtout quand nous savons que cette turbulence est quasi-permanente? Elles ont certainement beaucoup de bonnes idées, mais l’innovation des produits, des procédés et des manières de faire sont essentielles, surtout dans un contexte de mondialisation où tout s’accélère, et ces défis peuvent être une source d’inquiétude », ajoute M. Labonté.
Parmi les différentes stratégies à l’innovation mises en place par le Ministère, le directeur régional a notamment cité l’exemple probant du support lié aux projets à l’exportation, le volet d’aide financière qui est le plus à la demande depuis le printemps 2017 au MEI.
Le Ministère a financé plus de 325 projets à l’exportation seulement en Montérégie, pour une contribution financière totalisant 6,5 millions $. Ce soutien financier a aussi permis de générer des ventes fermes à l’exportation de l’ordre de 157 millions $, seulement pour les entreprises de la région.
Par Alexandre Lampron