Lors du Salon des technologies manufacturières de Montréal qui se déroulait à la Place Bonaventure au mois de mai dernier, MCI a rencontré différents concepteurs et distributeurs de machineries d’automation et de robotisation afin de vérifier qu’elles étaient leur perception de l’évolution de l’industrie québécoise vers le 4.0. Par exemple, Frank Boleiro, d’Eliott Matsura, avance que loin de tirer de la patte, le Québec est à l’avant-scène de l’automation au Canada : « Avec la pénurie de main-d’œuvre spécialisée et la compétition mondiale, il est impossible de survivre sans embarquer dans l’industrie 4.0 et les entrepreneurs québécois semblent avoir capté le message. »
Sam Kreiche, de Megatel, véhicule un message similaire : « On en est rendu là, si on ne saisit pas rapidement l’opportunité on va courir après le train. Il faut embarquer en même temps que le reste du monde et le Québec est en train d’embarquer, probablement un peu forcé par le manque de main-d’œuvre. » Doris Ingravelle, de DMG Mori, croit que les entrepreneurs du Québec sont à la recherche de solutions pour combler leurs besoins et qu’ils ont compris que l’automation et la robotisation offraient des pistes intéressantes pour contrer la rareté de la main-d’œuvre : « Le Québec représente un marché majeur chez nous. Toutes les provinces sont différentes et le Québec a embarqué de plein pied dans le train de l’industrie 4.0. »
« Afin d’être indépendant et de ne pas dépendre d’un fournisseur ou de ressources externes, les entreprises québécoises s’outillent pour corriger le tir rapidement », explique Félix Bélanger, de Multicam Québec. « Tellement de machines sont disponibles présentement sur le marché pour desservir une foule de secteurs que les manufacturiers ont vraiment une grande sélection pour trouver celle qui répondre le mieux à ses exigences. »
« Je n’hésiterais pas à dire que le Québec est probablement plus avancé que les autres provinces canadiennes au niveau de son engagement dans l’industrie 4.0. Les entreprises québécoises sont plus sérieuses et prêtes à investir dans l’automation et la robotisation alors que le personnel de talent est de plus en plus difficile à trouver. Et malgré cela, je considère qu’actuellement, on retrouve plus de personnel qualifié au Québec qu’ailleurs au Canada », déclarait Don Mahon, de Wenzel Metrologist. Ce dernier considère que le Québec serait gagnant s’il commençait à former un plus grand nombre de spécialistes en métrologie, la science des mesures. Selon Mahon, la science avance si rapidement que les métrologistes seront de plus en plus en demandes dans les entreprises pour valider certaines décisions.
« Le Québec est un marché en pleine croissance qui a commencé à faire appel à la robotique bien avant les autres provinces. Les entrepreneurs ici sont progressistes et reconnaissent qu’il faut réduire les coûts et que l’automation et la robotisation sont des solutions à considérer à long terme », énonce Ed Manera, de Kuka. « Les propriétaires de PME transitent présentement du modèle de propriétaire traditionnel vers un nouveau modèle qui les guidera vers le prochain niveau de développement de leurs affaires. »
Selon Jordan Pigeon et Faysal Karanoub, de Linde Canada, le marché québécois possède des caractéristiques particulières : « Le potentiel du marché au Québec est différents de celui du reste du Canada à cause de l’accès aux matières premières dont bénéficient les manufacturiers québécois. Dans certains secteurs industriels, le Québec est un réel chef de file. Nous sommes également très actifs sur le marché ontarien et nous pouvons affirmer qu’il existe des partenariats de qualité entre les deux provinces. »
« C’est un marché proactif où les manufacturiers n’ont pas peut d’utiliser des robots collaboratifs. Nous avons enregistré une croissance de plus de 100% annuellement au cours des dernières années au Québec. Les manufacturiers québécois sont prêts à prendre le risque des nouvelles technologies, beaucoup plus qu’en Ontario. Le Québec ressemble plus au Massachussetts à ce chapitre », analysait de son côté Zach Tom Kissen, de Universal Robotics.
Tous les intervenants sondés sur le plancher du STFM 2018 ont une très haute opinion du secteur manufacturier au Québec et des entrepreneurs québécois. Ces derniers sont, selon plusieurs répondants, des dirigeants qui ont compris plus rapidement que ceux de bien d’autres régions du pays, l’importance d’emboîter le pas et de se lancer dans la nouvelle révolution industriel, la quatrième selon les historiens, de là le terme 4.0. Plusieurs observateurs, et pas seulement les personnes rencontrées par l’auteur de ce reportage, s’accordent à dire que dans une période où la main-d’œuvre se fait de plus en plus rares, l’automation et la robotisation, éléments clés du manufacturier 4.0, sont des solutions à considérer pour assurer la pérennité des entreprises.
Par Guy Hébert
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