L’industrie se bat contre le dumping chinois

Les jeunes semblent plus attirés par l’informatique et les communications. C’est du moins ce qu’affirme Gheorghe Marin, directeur général du Centre de métallurgie du Québec, affilié au Cégep de Trois-Rivières.

« La question salariale ne constitue pas un facteur de décision. Les emplois en métallurgie exigent souvent que le travailleur accepte de modifier ses horaires de travail. Il faut donc envisager de travailler de jour, de soir, de nuit, et parfois même de fin de semaine. Ce genre d’emploi n’attire pas les jeunes qui tiennent mordicus à leur vie sociale. On désire nos soirées libres pour aller au cinéma, voir un spectacle ou assister aux différents festivals. L’industrie se questionne à savoir ce qu’elle faire pour attirer davantage les candidats. »

Almaho concentre donc ses efforts depuis quelques années à dénicher de nouveaux marchés à l’étranger.

Mais le style de vie préconisé par les jeunes d’aujourd’hui n’explique pas tout. Gheorghe Marin en veut également à la piètre image projetée par l’industrie. « On ne peut penser que la réalité soit la même aujourd’hui à celle qui prévalait dans les années 1800. Les conditions de travail se sont grandement améliorées : les gros fourneaux alimentés au charbon ont laissé leur place à des systèmes plus performants et surtout moins nocifs pour les travailleurs.

Les normes régissant la qualité de l’air au travail sont maintenant très élevées. Les entreprises doivent disposer de systèmes de filtration de l’air ultra-performants. Je crois aussi que le problème émane du primaire. On y dénigre trop souvent l’activité industrielle. On inculque aux jeunes l’image d’industries qui portent atteinte à l’environnement, qui polluent, qui sont bruyantes. Voilà des notions qui sont bien implantées dans la conscience des jeunes et qui influencent leur choix de carrière. Un virage des mentalités s’impose », poursuit le directeur du CMQ, qui a tout de même tenu à préciser que de nombreux efforts sont déployés par l’industrie afin d’expliquer aux étudiants la réalité métallurgique d’aujourd’hui.

Développer le tertiaire

La richesse du territoire québécois sur le plan des matières premières est indéniable. Les secteurs primaires et secondaires peuvent facilement y trouver leur compte. La problématique se retrouve dans le secteur tertiaire.

© Yemolov / Shutterstock
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« Il n’y a plus d’investissement ici. Les profits, raison fondamentale de se lancer en affaires, sont difficiles à cause d’une masse salariale plus élevée et des normes environnementales plus strictes qu’en Chine par exemple.

Seuls des secteurs comme l’aéronautique persistent à acheter ici, étant donné la haute qualité requise », nous dit Christian Allard, président d’Almaho, une entreprise de Lévis spécialisée dans le traitement de métaux légers.

« L’agressivité des Chinois a entraîné la fermeture d’un bon nombre d’entreprises métallurgiques, qu’ils ont rachetées à bas prix. Cette même agressivité a fait chuter drastiquement le prix du magnésium, un matériau sur lequel les activités d’Almaho étaient basées depuis sa fondation en 1995.

De nos jours, pour se lancer dans le secteur métallurgique, on doit disposer d’idées très innovantes. En métallurgie, nous devons axer nos efforts au développement du secteur tertiaire, à défaut de quoi nous dépendrons inévitablement un jour de nos importations », poursuit-il. Almaho concentre donc ses efforts depuis quelques années à dénicher de nouveaux marchés à l’étranger, notamment pour un logiciel qu’elle a développé pour une entreprise en Équateur.

Chez ArcelorMIttal Montréal (usine de Contrecoeur), on se dit confiant malgré une situation mondiale délicate. « Nous avons récemment entrepris des mesures juridiques, avec des partenaires canadiens, afin de protéger notre industrie contre le dumping chinois d’acier d’armature, entre autres, et ainsi protéger nos emplois.

Nous fabriquons des produits à haute valeur ajoutée, ce qui est rarement le cas pour les Chinois. Nous demeurons vigilants, car nous sommes vulnérables à ces importations massives », explique Louis-Philippe Péloquin, directeur des communications, qui n’hésite pas à dire qu’il y a de l’avenir dans la métallurgie.

« Nous sommes très présents auprès des écoles de métiers où nous démystifions le secteur métallurgique. Nous allons même dans les écoles primaires afin de sensibiliser les jeunes aux opportunités de carrière, et ce avec le plus de transparence possible quant aux horaires atypiques de travail notamment. Malgré une main-d’œuvre vieillissante, nous arrivons à conserver notre niveau d’emploi depuis 2008. » Des propos somme toute fort encourageants.

Saviez-vous que?

L’industrie métallurgique doit redorer son image auprès des jeunes pour composer une relève suffisante ?- Gheorghe Marin, directeur général du CMQ.

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