L’aéronautique et la technologie de pointe au secours de la Mauricie

Selon Statistique Canada, le taux de chômage en Mauricie est de 9,3 %. Et rien n’indique qu’il va cesser de grimper. Les fermetures d’usines, les pertes d’emplois à la papetière Kruger, la fermeture de Gentilly-2 et les mises à pied annoncées à Rio Tinto en 2014 n’affichent rien de bon pour l’avenir à court terme de la région.

Aéronautique

À Trois-Rivières, la situation est prise au sérieux. Le maire, Yves Lévesque, estime que la Ville doit absolument diversifier ses activités pour réussir à relancer l’économie. À son avis, Trois-Rivières possède tous les attributs pour relever le défi.

« Nous sommes situés au cœur du Québec, à mi-chemin entre Québec et Montréal, notre main-d’œuvre est qualifiée et nous possédons tous les établissements scolaires pour répondre aux diverses demandes. Notre priorité est de créer de la richesse et se positionner au chapitre du développement économique si nous voulons obtenir les revenus nécessaires pour réinvestir dans nos infrastructures. »

Parmi les cinq secteurs économiques identifiés, notons celui de l’aéronautique. La Ville a investi quelque 15 millions de dollars à l’aéroport local pour le rallongement de la piste et autres infrastructures attenantes. En 2002, la compagnie aérienne Premier Aviation a choisi Trois-Rivières comme base d’opération.

À ce jour, l’entreprise compte 350 employés et le processus d’embauche se poursuit toujours. « Depuis, l’emploi n’a jamais cessé de croître et d’autres entreprises liées au secteur de l’aéronautique ont décidé d’emboîter le pas en ayant pignon sur rue près de Premier Aviation », explique Yves Marchand, directeur de l’innovation et du développement économique de Trois-Rivières.

Trois-Rivières veut se démarquer dans ce secteur afin d’offrir les meilleures conditions aux promoteurs qui visent à s’y établir. L’enjeu est de taille : attirer de gros joueurs, comme Air Canada, WestJet et Sunwing.

De son côté, la députée libérale de Trois-Rivières, Danielle Saint-Amand, qui en est à son deuxième mandat, abonde dans le même sens.

« La filière aéronautique est génératrice d’emplois. La présence de Premier Aviation va continuer d’entraîner des projets d’agrandissement et de développement. Notre objectif est de faire de Trois-Rivières la deuxième ville en importance au Québec dans le secteur aéronautique, après Montréal. Il faut soutenir cette idée, car la voie de l’avenir passe par les PME. »

Technocentre

L’économie du savoir figure parmi les autres priorités à développer au cours des prochaines années. En 2007, Trois-Rivières a fait le constat que ce créneau méritait une attention particulière. Des études de marché ont été réalisées et les résultats furent encourageants au point où la Ville a investi 11 millions de dollars depuis 2008 dans ce qu’elle appelle un incubateur technologique ou le Technocentre.

« L’innovation et le savoir sont deux champs de compétence extrêmement importants pour notre avenir. C’est la raison pour laquelle nous avons mis sur pied le Technocentre, qui englobe des entreprises de bioprocédés industriels, électroniques, microélectroniques et des sciences de l’environnement. Non seulement le Technocentre fonctionne-t-il à pleine capacité, mais nous constatons déjà les retombées de ces recherches sur notre territoire. Plus tard, nous souhaitons assister à la production du fruit de ces recherches chez nous », indique Yves Marchand.

Le Technocentre abrite une quarantaine de chercheurs à l’intérieur d’un bâtiment de 15 000 pieds carrés.

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«La filière aéronautique est génératrice d’emplois.» – Danielle Saint-Amand, députée libérale de Trois-Rivières

Vallée du Saint-Laurent

Au printemps dernier, le chef de la Coalition Avenir Québec (CAQ), François Legault, annonçait son intention de faire de la vallée du Saint-Laurent un immense territoire de développement économique un peu à l’image de la Silicon Valley en Californie. Pour Yves Marchand, « on ne peut pas prêcher contre la vertu, mais il reste encore beaucoup de choses à identifier ».

À la Conférence régionale des élus de la Mauricie (CRÉ), le projet de la CAQ est très bien accueilli. « La CAQ prône le développement de l’innovation et je trouve cela très intéressant. Cela peut stimuler l’entrepreneuriat, amener les gens à innover et se diriger vers des produits de niche à haute valeur ajoutée. Aujourd’hui, ce n’est plus la production de masse qui compte », soutient Christian Savard, directeur général de la CRÉ Mauricie.

Ce projet de la CAQ, fallait-il se surprendre, n’entre pas dans la vision de la libérale Danielle Saint-Amand. « François Legault a toujours plein d’idées, mais ma priorité demeure l’économie. Le chef de la CAQ ne répond pas à mes attentes. Ses idées ne vont pas loin.

À Trois-Rivières, plusieurs entreprises sont très présentes dans le cadre du Plan Nord. Des firmes de recrutement sont à pied d’œuvre et la ville dispose de toutes les infrastructures pour assurer son développement économique. Le port de Trois-Rivières joue un rôle déterminant dans le transport des marchandises vers le Nord québécois. »

Shawinigan

Autrefois l’un des secteurs les plus prospères au Canada dans l’industrie de la forêt, du sciage et des pâtes et papiers, Shawinigan et ses environs ont dû également adopter la même stratégie que Trois-Rivières : diversifier leurs activités pour assurer la reprise économique.

En 2007, le comité de diversification économique a identifié les priorités suivantes : l’efficacité énergétique, les technologies vertes, la transformation des métaux, les matériaux composites et l’électronique et ses composantes.

Élu pour un premier mandat en 2008, le maire de Shawinigan, Michel Angers, affirme que la région de la Mauricie doit se donner un horizon de dix ans pour accélérer la diversification des activités et compléter le virage. « Est-ce que nous avons tardé à prendre la décision ?

Probablement que oui. Toutefois, à ce jour, deux grands créneaux nous distinguent de Trois-Rivières : l’électronique et la création de la Station du numérique. »

Station du numérique

La Station du numérique est un centre dédié à la conception, au développement et à la production de jeux sociaux et mobiles. La toute première entreprise à avoir choisi Shawinigan est Rêve Alchimique.

« Nous avons la présence d’une entreprise de portée mondiale et la meilleure en termes de jeux sociaux et numériques. Rêve Alchimique travaille avec les plus grands donneurs d’ouvrages au monde, et ce secteur est sur le point de dépasser le cinéma », explique Michel Angers.

À son avis, ce volet est en train d’établir la marque de commerce de Shawinigan. « Un jeune étudiant qui a le choix entre la Cité du Multimédia à Montréal et la Station du numérique à Shawinigan a tout intérêt à venir s’établir chez nous s’il veut percer le marché nord-américain », poursuit Michel Angers.

Le mandat de la Station du numérique vise cinq objectifs : formation spécialisée en innovation de jeux sociaux et mobiles, soutien professionnel à la création d’entreprises, pôle de recherche et développement pour trouver des partenaires de recherche publics et privés, centre de données « vert » et incubation d’entreprises pour permettre la création de studios de développement.

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«Deux grands créneaux nous distinguent de Trois-Rivières : l’électronique et la création de la Station du numérique.» – Michel Angers, maire de Shawinigan.

Redoubler d’effort

À la CRÉ Mauricie, les efforts pour relancer l’économie doivent être déployés au-delà des projets en cours. « La Mauricie est toujours en léger déclin. Pour remonter la côte, il faut stimuler l’entrepreneuriat et redoubler d’effort entre partenaires pour la mise en œuvre de projets. Il faudra déterminer la répartition du montant de 200 millions de dollars mis à notre disposition depuis la fermeture de Gentilly-2 », précise Christian Savard.

De plus, dit-il, « les efforts de recrutement de grandes entreprises lourdes, comme IFFCO, associées à la Coop fédérée du Québec pour le projet d’une usine d’engrais l’an prochain vont donner un sérieux coup de pouce à la région. Ce projet de 1,2 milliard de dollars devrait créer entre 200 et 300 emplois et voir le jour en 2017. »

Avenir

Selon Statistique Canada, la croissance de la population en Mauricie devrait augmenter de 1,3 % d’ici 2016. Cependant, la région présente un indice de développement économique légèrement inférieur à celui des autres régions manufacturières.

Autre mauvaise nouvelle : l’investissement privé en machines et en équipement a reculé plus rapidement que dans le reste du Québec entre 2008 et 2012. Un peu plus de 95 % des exportations internationales de marchandises sont effectuées par le secteur manufacturier, contrairement à 75 % pour le Québec en général.

En bref

La région de la Mauricie représente 3,4 % de la population du Québec et se classe au 11e rang parmi les 17 régions administratives. Les trois principales villes, Trois-Rivières, Shawinigan et La Tuque, procurent de l’emploi à 115 000 personnes. Les derniers résultats indiquent 2,1 milliards de dollars en produits exportés annuellement, ce qui représente 2,9 % des exportations totales du Québec.

SAVIEZ-VOUS QUE

  • Trois-Rivières, Shawinigan et La Tuque procurent de l’emploi à 115 000 personnes?
  • La Mauricie a exporté des produits pour 2,1 milliards de dollars dans une seule année?

 

LIENS INTERNET:

  1. Ville de Trois-Rivières
  2. Ville de Shawinigan
  3. CRÉ Mauricie
  4. Innovation et Développement économique Trois-Rivières
  5. CLD Shawinigan
  6. Danielle Saint-Amand, députée libérale de Trois-Rivières
  7. Station du numérique

LIENS YOUTUBE:

  1. Shawinigan
  2. Investir à Shawinigan
  3. Aéroport de Trois-Rivières

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